La chambre des coulons ?
L’entrée d’un souterrain ?
Le logement d’un reclus ?
La chambre des possédés ?
Une prison ?
Un charnier ?
Louis Schaudel «Histoire d’Avioth et de son église »
(…) Il ne s’agit donc pas de la pièce au-dessus de la sacristie ; mais alors qu’elle était cette chambre des coulons ? Etait-ce le bas de l’escalier à côté de la sacristie, ou bien s’agit-il de la petite salle, de 2m de long sur 1m20 de large située sous l’escalier de la tour septentrionale ? Cette dernière petite chambre de deux travées, dont les nervures cylindriques s’appuient sur des consoles richement ornementées, aurait, selon Mgr Barbier de Montault, servi au gardien de l’église, ermite ou reclus.
E. Biguet « L’Eglise et la Recevresse d’Avioth » Excursion du 31 août 1905
Abbé Adam « Avioth. Histoire de son Pèlerinage – Visite de sa Basilique »
Images du patrimoine
Le charnier d’Avioth : On appelle « charnier » l’endroit où l’on dépose les os trouvés dans le cimetière quand on ouvre une tombe pour une nouvelle sépulture.
Notre région semble avoir assez souvent utilisé des charniers situés dans une tour de l’église. Celui d’Arrancy, bâti à côté de la tour de l’église suivant une inscription de 1547 qui l’appelle « chairnier » servait encore il y a quelques années. Une ouverture non vitrée permettait ordinairement d’envoyer au charnier les ossements sans passer par l’église.
A Avioth, sur son vieux registre de 1640 (moins connu que son Bref Recueil) Delhôtel a noté, en surcharge au texte primitif, que l’entretien des charniers doit être assuré par ceux qui sont chargés d’entretenir les tours des clochers. Cette note concerne aussi Avioth où toute l’église est alors à la charge du pèlerinage (on dit de la Fabrique), mais Delhôtel l’ajoute à son vieux registre au temps où il est doyen rural.
Le charnier d’Avioth est situé au bas de la tour nord. Au bas de cette tour, quand on prend l’escalier (le seul qui reste,. celui de la tour sud ayant été amputé de sa base quand on construisit le portail dit de la Vierge) on remarque un emplacement sous l’escalier, éclairé par une fente verticale ouvrant sur l’ouest : cette ouverture n’est pas une archère ; on peut l’appeler « jour, en archère » à cause de sa forme, ce qui est différent d’une meurtrière qu’il n’est pas du tout.
S’il n’y avait que le local pour nous renseigner, on pourrait mettre en doute son utilisation comme « charnier», mais les actes paroissiaux signalent des fabriciens enterrés « près du charnier » (deux inscriptions subsistent à même le mur : deux noms de fabriciens du XVIIIe siècle) tandis que les ermites de Saint-Brice sont enterrés «devant le charnier ».
Voilà précisée l’utilisation, à Avioth, du réduit, situé au bas de l’escalier de la tour nord.
Admirons, au passage, la modestie des clercs d’Avioth : il ne reste aucune tombe connue pour aucun curé d’Avioth, et les aides du curé d’Avioth – fabriciens et ermites – se font normalement enterrer près des ossements anonymes assemblés pêle-mêle dans le « charnier ».
C. Vigneron
CY BAS GIST MESSIRE
PHILIPPE MASSET PRE TRE FABRICIEN DE LE GLISE DE N DAME DA VIOTH QUI DECEDA LE NEUF JUIN 1737PRIEZ DIEU POUR SON AME… |
Le charnier ne semble pas être la petite pièce de la tour nord.
Pour l’abbé Vigneron, la petite pièce au bas de la tour Nord est le charnier du cimetière. Comme il le dit lui-même : « S’il n’y avait que le local pour nous renseigner, on pourrait mettre en doute son utilisation comme charnier». Il est vrai que l’épaisseur du mur, l’étroitesse de la fenêtre, l’emplacement, la taille du local et son accès rendent cette destination fort improbable.
Le seul élément dont il dispose pour étayer son argumentation est un acte paroissial signalant que des fabriciens sont enterrés près du charnier.
Effectivement, ils sont bien enterrés près du charnier qui n’était apparemment pas cette chambre mais qui se trouvait, semble-t-il, contre la façade nord, entre la tourelle renfermant l’escalier du clocher et le contrefort.
Ce charnier existait encore en 1835. En effet, un devis du 13 octobre 1835 traite « des divers ouvrages à exécuter à l’église monumentale de la commune d’Avioth » et désigne « la croisée de la tour au nord à gauche de la tourelle au dessus du charnier ».
Deux corbeaux destinés à supporter une toiture en appentis sont encore bien visibles à cet endroit et des traces sur le mur prouvent qu’il existait bien une construction.
Il semble donc que le charnier d’Avioth était placé dans le cimetière et en dehors de l’église.
J. Chevalier – février 2006