istoire curieuse, digne d’un film policier que celle-ci, à une époque triste et pénible de notre histoire de France. C’est en 1905 !
L’abbé Chevalier – il le racontait lui-même souvent – alors enfant de choeur, s’en arrive ce matin-là à l’église pour servir la messe avec son camarade, Sylvain Didier. Stupeur… la statue de Notre-Dame a disparu : la robe, la couronne, le sceptre sont à terre ! On avertit le curé, alors l’abbé Soyez. Et, tandis que dans l’après-midi il descendait à l’église accompagnant les gendarmes venus enquêter, l’abbé Chevalier raconte avoir entendu le Père Ledoux, religieux qui habitait alors l’actuelle maison du Pèlerinage, dire à mi-voix : « Le voleur n’est pas loin ».
En effet… Ecoutons le récit écrit en 1973, par Mme Defrance de Villers-devant-Orval dont les parents « recueillirent » alors la statue de Notre Dame.
« Au début de ce siècle, M. le Curé d’Avioth, l’abbé Soyez, ne voulant pas que la statue de la Vierge vénérée en son église soit l’objet des saisies ou des outrages des mandataires du Gouvernement, lors des inventaires, à la suite des lois sur la Séparation de l’Eglise et de l’Etat, avait imaginé un simulacre de vol.
Notre père, ayant accepté de l’aider, avait pour rôle d’emporter la dite statue mais secrètement et la nuit. Ce qui fut fait. Notre antique break bien fermé reçut des mains de l’abbé Soyez la statue qui prit le chemin de Villers où elle arriva clandestinement et où on la déposa, non moins clandestinement, dans le placard d’une chambre non utilisée à cette époque. Personne ne le sut dans la famille à l’exception de notre père, maman et notre frère Pierre, le fils aîné. Mais une imprudence fut commise.
L’abbé Soyez, passant un jour devant la maison, accompagné de messieurs des environs, qui connaissaient bien la famille, leur dit : « Messieurs, saluez la Vierge d’Avioth. » Ces messieurs se doutèrent alors qu’elle était en notre garde. Peut-être gardèrent-ils cette révélation pour eux, peut-être en parlèrent-ils. On ne le sut pas.
Puis l’abbé Soyez, ayant eu des ennuis et ayant mécontenté pas mal de monde, dût quitter non seulement le diocèse de Verdun mais la France. Il se rendit au Canada, en Alberta où il mourut.
Quand les esprits se furent calmés en France et que l’ordre régna de nouveau, le curé d’Avioth vint réclamer la Vierge exilée. Mon père refusa de la remettre à personne d’autres qu’aux autorités religieuses du diocèse et ne voulut la rendre que sur décharge de l’évêque de Verdun et du maire d’Avioth, ce qui demanda un certain temps.
Le retour de la Vierge fut célébré dans la paroisse. Dès lors, plus que jamais, Avioth fut pour nous un pèlerinage régulièrement fait chaque année et qui laisse à tous d’excellents souvenirs. »
Abbé R. SOMMESOUS
Echos de N.D. d’AVIOTH
1er trimestre 1975 n° 8-9
Avioth
Un témoignage trouvé dans le Pays lorrain :
Avioth. Cette belle église dont le Pays lorrain a parlé, vient d’être dévalisée. Voici le détail des objets volés :
Un ostensoir ; la statue de l’enfant jésus, haute de 70 centimètres ; la statue de Notre-Dame d’Avioth, mesurant 87 centimètre et datant du XIIème siècle ; les draperies du dais ; une Chappe ; deux voiles.,
Des traces de bougie ont été relevées… On suppose que l’un des malfaiteurs se sera caché la veille dans l’église et aura ouvert les portes à ses complices. On suppose également que les voleurs se sont échappés par un sentier qui conduit au bois voisin et ont gagné par là le territoire belge qui n’est distant que de deux kilomètres.
Société d’archéologie lorraine. Le Pays lorrain (Nancy). 1904-1907 page 91