LA PIERRE QUI MANQUE A AVIOTH par l’Abbé R. SOMMESOUS
La nuit venue, le bailli ne put dormir et raconta l’histoire à se femme. Il regardait par la fenêtre le roi des enfers, qui avec une suite innombrable de démons, bâtissait l’édifice.
Et l’église montait… montait… Déjà la rosace s’épanouissait… Déjà les voûtes se rejoignaient… les tours montaient vers le ciel…
Le jour ne se levait pas… !
Et Satan allait poser la dernière pierre… quand, tout à coup, au bout du village, un coq chanta… !
C’était la femme du bailli qui était allé le réveiller, et l’avait fait chanter avant l’heure.
Les diables alors se sauvent…
Ainsi le bailli garda son âme… et l’église…
Mais il y manque toujours la dernière pierre … ???
Telle est la légende…
Mais, m’est avis qu’il manque vraiment une pierre à Avioth, pour qu’elle ait toute sa beauté…
C’est le Saint Père qui l’apportera, quand il aura répondu à la demande que nous avons faite de l’érection de l’église d’Avioth en Basilisque…
Alors, ce jour-là, l’église sera vraiment achevée… !
16 Juillet 1993. La dernière pierre vient d’être posée : l’église est vraiment achevée. Par décret de la Congrégation du Culte Divin et par la Bulle Pontificale qui l’accompagne, Avioth vient d’être élevée à la dignité de « Basilique ». Deo Gratias! Abbé Raymond SOMMESOUS – Curé d’Avioth de 1969 à 1999 |
***********
LA LEGENDE DE L’EGLISE D’AVIOTH par André JEANMAIRE
L’architecte chargé de la construction de l’église d’AVIOTH éprouvait d’énormes difficultés pour terminer son ouvrage. Tout allait de travers, il ne savait plus à quel saint se vouer. Découragé, il était prêt à tout abandonner : « Que ce chantier aille au Diable » pensa t-il. Satan, toujours à l’affût d’une bonne affaire arriva aussitôt en se frottant les mains. Il promit de terminer l’église et affirma que le lendemain, au premier chant du coq, il ne manquerait pas une seule pierre sur l’édifice. En échange, bien sûr, l’architecte devait lui donner son âme ! Celui-ci, malgré sa peur, accepta le marché.
Satan frappa dans ses mains et aussitôt des diablotins firent leur apparition. Il y avait des diablotins tailleurs de pierre, des diablotins sculpteurs, des diablotins charpentiers, maçons, verriers… Tous travaillaient avec enthousiasme, tous ? Non. Un petit diablotin encore apprenti les retardait, il était toujours là où il ne fallait pas. Satan lui ordonna d’aller s’occuper ailleurs. L’édifice montait à vue d’œil et quel édifice ! Une église merveilleuse, d’un art consommé, sculptée comme un reliquaire.
L’aube approchait et il ne manquait plus qu’une pierre, la dernière. Satan décida d’aller la chercher à la carrière d’EUVILLE. Sur le chemin du retour, il entendit la musique d’un petit bal à MILLY-SUR-BRADON. Toujours prêt à faire la fête et à s’amuser, il s’arrêta et dansa avec toutes les jeunes filles du village.
Pendant ce temps, à AVIOTH, la femme de l’architecte, mise au courant du pacte passé entre son mari et le diable, se lamentait et priait pour son époux. Comment le sauver des griffes de Satan ? Soudain, elle eut une idée : prenant une torche, elle alla dans chaque basse-cour réveiller les coqs. Croyant l’aube arrivée, tous les coqs du village se mirent à chanter et firent chanter les coqs des villages voisins. Ce fût un beau vacarme. Le Diable en les entendant quitta le bal rapidement. La pierre était très lourde et il s’en débarrassa. Lorsqu’il arriva, sa colère fut terrible. Il ordonna aux diablotins de s’arc-bouter contre l’église et de la démolir. Ils avaient tellement bien travaillé qu’ils ne réussirent pas à l’ébranler. Fou de rage, Satan les transforma en gargouilles de pierre et s’enfuit, laissant en paix l’architecte.
C’est pourquoi il manque toujours une pierre à l’église d’AVIOTH, pierre qui se trouve toujours quelque part à MILLY-SUR-BRADON et qu’on appelle la pierre du Diable.
Mais au fait, qu’est devenu le petit diablotin apprenti ? Vexé d’avoir été tenu à l’écart, il a construit pendant la nuit, un petit joyau d’architecture à l’entrée du cimetière : La Recevresse.
JEANMAIRE (A.). – » Légendes Lorraines » – Ingersheim : Editions SAEP, 1974